ciel-sombre  

                                        Témoignage de Sylvie :

Je suis née dans les Flandres, dans une famille catholique et pratiquante. C’était très joyeux à la maison. De mon enfance dorée entre la mer et les champs, ce qui me reste gravé c’est l’assurance d’être aimée et le souvenir d’une très grande liberté. Je me suis mariée à 20 ans.

 

Nous commencions notre chemin de couple avec l’évangile des disciples d’Emmaüs.

L’image qui me vient quand je pense aux années qui suivent, c’est comme dans les films d’action : le héros saute du haut d’un immeuble de trente étages, il se rattrape in extrémis à une corde, et il reste de longues minutes suspendu dans le vide… et puis… une à une, chaque cordelette qui forme la corde cède. La première à se rompre, c’est la famille : un véritable tsunami.  Suite à ces graves conflits familiaux  nous partons à plus de 900 km.  Là, une seconde cordelette s’effrite : plus d’amis, de lieux connus… une très grande solitude, d’autant que je viens d’avoir deux enfants et bientôt trois puis quatre… adieu liberté ! Souvent je me demande comment je peux être si triste en ayant eu des parents si gais… mais justement, les parents aussi cèdent : ils divorcent. C’est le temps de la désillusion : je ne crois plus en rien, plus en moi, plus en nous, plus en la famille, plus en Dieu.

J’ai cet « air sombre » qu’avaient les disciples en quittant Jérusalem.

Et en plus nous avons des problèmes d’argent ! Un monsieur me propose de venir deux heures auprès de sa femme malade, tous les dimanches matin. C’est une femme d’une soixantaine d’années, belle et intelligente. Très gravement malade. Pas croyante du tout.              

                                                                  Cette rencontre va changer ma vie.     

Nous allons cheminer ensemble pendant trois ans, trois ans d’épreuve et de souffrance…  trois ans d’amitié, d’estime, de compassion, de combat, d’éclats de rire,  de complicité. Durant tout ce cheminement,  je suis comme les disciples d’Emmaüs :

Mes yeux sont empêchés de Le reconnaître… 

Et puis vient la mort, attendue, redoutée, espérée. Etrangement, il n’y a pas le vide. J’ai la certitude d’être encore dans l’essentiel, le vital. Ce sentiment de plénitude ne me quitte pas. Impossible retour au terne de ma vie d’avant, à l’indifférence. Je suis dans la lumière, dans la couleur :  « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous… ».

« A l’instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ».

Tout naturellement, je suis allée tous les dimanches matins à la messe et j’ai repris mon travail d’infirmière. Ma joie, ce sont les personnes âgées ! J’ai une soif immense d’intimité avec Dieu, alors le Seigneur va me combler :  Je veux goûter sa Parole et il met sur mon chemin un pasteur avec lequel pendant 10 ans je vais chaque mois, ouvrir la Parole de Dieu. Je veux le rencontrer et Il m’ouvre à la beauté de la liturgie et au mystère de l’Eucharistie grâce au prêtre de ma paroisse. Il me donne une famille, une communauté. J’ai une réelle tendresse pour les frères et sœurs de mon doyenné. 

 

Je veux Le prier, et le chemin ignatien me permet d’entrer dans une spiritualité qui me plaît. Il me nourrit encore et encore, en me permettant de suivre des études à la faculté catholique, où j’apprends à connaître mon Eglise et à l’aimer, y compris dans sa pauvreté.   Je veux Le servir, et me voilà aujourd’hui, travaillant au service diocésain de la catéchèse et du catéchuménat, pour, comme les disciples d’Emmaüs, annoncez à ceux qui veulent l’entendre :                                                                   

                                                   "C’est bien vrai, le Seigneur est ressuscité !"

     Soleil et nuages

Vraiment, le Seigneur me comble de ses bienfaits et mon coeur déborde !

                                                                                                                   

                                                             Je regarde vers les montagnes : d'où le salut me viendra-t-il ?

                                                          Le salut me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre

                                                          Qu'il empêche ton pied de glisser, qu'il ne dorme pas ton gardien

                                                          Non il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d'Israël

 

                                                          Le Seigneur ton gardien, le Seigneur ton ombrage se tient près de toi

                                                          Le soleil pendant le jour ne pourra te frapper, ni la lune durant la nuit.

                                                          Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie

                                                          Le Seigneur te gardera au départ et au retour, toujours et à jamais

                                                                                                 
                                                                                                  Psaume 120